Actualité Maroc : Top ten des villes marocaines: que des surprises!
Rabat première, Marrakech dernière … qui l'aurait cru ? C'est pourtant ce qui ressort des résultats détaillés du recensement général. Nos villes renvoient souvent des images trompeuses.
Le Haut commissariat au plan vient d'accoucher d'un CD instructif. Il présente une radioscopie chirurgicale des taux de pauvreté, d'instruction, d'activité et des conditions d'habitat et de logement au niveau de toutes les communes urbaines et rurales (même les plus petites et les plus éloignées) du royaume. Cette étude calcule également l'indice de développement humain de toutes ces localités, c'est ce qui a permis d'établir ce classement.
Par indice de développement humain, les auteurs entendent la moyenne arithmétique entre trois indices : santé, éducation et niveau de vie. Que ressort-il de ce classement maintenant ? Plusieurs enseignements en vrac. D'abord, l'image de l'axe Rabat - Casablanca contre le reste du Maroc n'est pas une illusion. Preuve en est les trois premières villes au classement (Rabat, Casa et Mohammédia). Il y a le cas Sahara ensuite.
Les provinces du sud affichent les meilleurs indices de développement. Comme quoi, les subventions finissent, ont fini par payer... Il y a enfin des surprises. Marrakech pour commencer, que les chiffres officiels présentent sous un jour peu flatteur ou des villes comme Tanger et Oujda qui ne doivent (pour beaucoup) leurs bons classements qu'à la contrebande ou à l'informel.
1. Rabat. Officiellement première !
Les chiffres de Lahlimi le montrent clairement, c'est à Rabat qu'on vit le mieux aujourd'hui au Maroc. La capitale s'en sort avec l'indice de développement humain le plus élevé et dépasse légèrement Casablanca. Elle doit cela notamment à des taux d'instruction et de pauvreté des plus satisfaisants au niveau national. A Rabat, seuls 20,7 % des habitants sont analphabètes contre plus de 35% à Agadir par exemple.
Même constat pour la pauvreté, les chiffres de Lahlimi montrent que 2,4% des Rbatis sont définitivement pauvres (contre 9% à Tanger par exemple) et que 5% des habitants de la capitale vivent quotidiennement sous la menace de la pauvreté. La capitale administrative enregistre l'un des taux d'activité les plus élevés du pays (43%).
Rien de mystérieux en cela puisque le secteur public emploie à lui seul plus de 35% de la population active locale. Principale zone d'ombre, le taux d'habitat sommaire et de bidonvilles. Lahlimi avance le chiffre de 6,1%. Manifestement, il fait abstraction de l'habitat insalubre sur les axes périphériques de Rabat.
2. Casablanca. La métropole est “dauphine”
Que les Casablancais se consolent, leur métropole n'est pas si mal lotie que ça. Si Rabat passe première, c'est simplement parce qu'il y a quatre fois plus d'habitants à Casablanca ! Malgré cela, la capitale économique enregistre sans surprise le second taux national d'activité , avec 41,6%. En plus, la ville ne doit ce chiffre qu'à son secteur privé qui emploie plus de 60% de la population active.
Côté instruction, Casa compte 23% d'analphabètes. C'est beaucoup mais c'est quand même le deuxième meilleur taux national après celui de Rabat. Il y a par contre beaucoup plus de pauvres dans la métropole que dans la capitale. Si 2,7 % des Casablancais sont pauvres, plus de 7% risquent de les rejoindre si rien n'est fait pour améliorer leurs conditions de vie. Même constat pour l'habitat sommaire, plus de 9% des ménages casablancais ne vivent pas sous un toit en dur et 13% n'ont toujours pas accès à l'eau potable.
3. Mohammédia. Le grand bidonville ?
La petite ville balnéaire vient compléter notre podium et illustre le gap entre l'axe Rabat-Casablanca et le reste du royaume. Mohammédia descend sous la barre des 30% d'analphabètes et affiche un taux d'activité satisfaisant avec 38,2%. Normal, le tissu industriel de la ville est important et certains secteurs comme l'immobilier et les services y sont en pleine expansion. Mohammédia affiche ensuite un taux de pauvreté moyen avec 4,3%.
Même cumulé avec le taux de précarité (9%), cela donne 14% de personnes vivant dans une situation peu ou pas du tout confortable (contre 20% à Tanger par exemple). Seule zone d'ombre, le nombre de logements sommaires et la connexion aux réseaux d'eau et d'électricité.
Paradoxalement, la médaille de bronze du classement affiche la plus grande moyenne de logements sommaires ou de bidonvilles puisqu'ils constituent plus de 30% des logements . Ce n'est pas fini, 45% des logements de la ville ne sont pas connectés au réseau d'eau potable et 16% sont privés d'électricité !
4. Agadir. Plus douce la vie…
Agadir arrive quatrième et les écarts se creusent déjà sérieusement avec l'axe Rabat - Casablanca. Selon les résultats du recensement, il y a plus de 35% d'analphabètes à Agadir et 18% de la population sont plus ou moins pauvres. Agadir se rattrape cependant sur le taux d'activité, plutôt satisfaisant avec 37,7%. Sans surprise ici aussi, c'est le secteur privé qui sauve la mise puisqu'il occupe plus de 58% des actifs gadiris. Globalement, la ville offre un cadre de vie acceptable et des prestations sanitaires et éducatives moyennes.
La proximité avec les plus grandes exploitations agricoles du pays se ressent également sur le niveau de vie et le pouvoir d'achat des habitants. Entre agriculture, tourisme et pêche… “A Agadir, on vit de peu”, ont l'habitude dire les habitants. Les ménages gadiris sont majoritairement propriétaires de leurs logements (67%) mais tous ne vivent pas confortablement. 13% vivent dans des bidonvilles ou dans des habitations sommaires et plus de 35% n'ont toujours pas accès à l'eau potable !
5. Laâyoune. Le cas Sahara
Selon les chiffres de Lahlimi, la province de Oued Eddahab enregistre le même indice de développement que Rabat. Celle d'Assa Zag se place loin devant Agadir, tout comme celle de Smara ou de Boujdour. En général, l'indice de développement humain fait un joli bond en avant dès qu'il dépasse la province de Tan Tan, qui se trouve être la frontière de “la zone contestée”, subventionnée depuis plusieurs années par l'Etat. Ceci dit, Laâyoune, capitale de la région, reflète assez fidèlement les moyennes régionales.
27% d'analphabètes (déjà moins qu'à Agadir), 15% de pauvres, 12% de bidonvilles (les moyennes sont toujours inférieures à celles d'Agadir). Laâyoune enregistre également un taux d'activité plutôt honorable avec 37,6%. L'Etat est le principal employeur de la ville, avec 40% des actifs sahraouis ou vivant au Sahara (à peine 3 points de moins qu'à Rabat). Comment expliquer cela ? Il y a d'abord les cartes d'entraide nationale distribuées à gauche et à droite, sans oublier les vagues de jeunes Sahraouis (les achbal) intégrés dans les cycles de la fonction publique au milieu des années 90.
Ajoutez à cela les produits alimentaires et énergétiques subventionnés par l'Etat (et qui coûtent moitié moins cher), les doubles soldes des fonctionnaires et vous comprendrez pourquoi il fait si bon vivre au Sahara.
6. Tanger. Sauvée par la contrebande
En voilà une région promue à un bel avenir. Avant même l'aboutissement des grands projets lancés au nord (Tanger Med, Free Zone, etc.), la ville arrive en sixième position, loin devant Fès ou Marrakech par exemple. Elle doit notamment cela à un taux d'analphabétisme moyen (30%) et à un taux d'activité intéressant (près de 40%, contre 37% pour Agadir par exemple). Ici aussi, le secteur privé est le principal moteur de l'économie puisqu'il emploie plus de 60% de la population active contre 8% pour le public.
Et le reste, soit 13% ? “C'est certainement la proportion des gens qui travaillent dans l'informel ou la contrebande”, estime un observateur tangérois. Toujours selon lui, “c'est grâce à la contrebande que le Tangérois dispose de bons produits de consommation à petits prix”. Le département de Lahlimi appelle élégamment cela niveau de vie et lui permet de classer Tanger en si bonne place.
Ceci dit, la ville du détroit enregistre un taux de pauvreté plutôt alarmant. Plus de 9% des Tangérois sont pauvres et 13% sont “vulnérables”, selon la terminologie de l'enquête. Cela veut dire qu'ils (les 13%) disposent de quelques dizaines de dirhams en plus mais ne sont pas à l'abri du besoin pour autant.
7. Salé. L'outsider
Oubliez l'image de “petite ville”, calme et sans histoires, vivant à l'ombre de la capitale administrative du royaume. Salé arrive sixième ex aequo avec Tanger et s'impose définitivement comme une grande ville autonome. Elle compte déjà plus d'habitants que Rabat (820 000 contre 627 000) et enregistre un taux d'analphabétisme en dessous de la barre des 30% (le troisième après Rabat et Casablanca).
C'est ensuite une ville moyennement riche avec 16% de la population flirtant avec le seuil de pauvreté (contre 18% à Agadir). Côté emploi, les résultats du recensement montrent qu'il y a presque autant de salariés que de fonctionnaires à Salé et que le taux d'activité y est proche de celui d'Agadir par exemple. Si de grands projets urbanistiques ont vu le jour à Salé (comme Sala Al Jadida), cela n'a pas éradiqué pour autant le phénomène des bidonvilles où résident toujours 7% des ménages slaouis. Autre chiffre inquiétant : 15% des ménages n'ont pas accès à l'eau potable, 13% n'ont toujours pas d'électricité.
8. Oujda. L'Oriental à la traîne
Les chiffres de Lahlimi le montrent clairement, seule la province d'Oujda se dégage du lot pour présenter un indice de développement humain légèrement supérieur à la moyenne régionale dans l'Oriental. Si Oujda présente un taux d'analphabétisme moyen (30%), elle cumule le premier grand taux de pauvreté du classement et affiche 29,6% de pauvres ou de personnes vulnérables.
La ville affiche également le plus faible taux d'activité du classement avec 34%, inéquitablement réparti entre secteur privé (40%) et secteur public (20%). Tout comme Tanger, l'activité de la contrebande sauve le niveau de vie des habitants. Les multiples souks informels de la ville grouillent de produits alimentaires et de médicaments algériens, à moindre coût. Même chose pour le gasoil acheminé depuis la frontière algérienne à bord des fameuses “mouqatilat”.
Si plus de 60% des Oujdis sont propriétaires de leur logement, près de 20% n'ont pas accès à l'eau potable et 13% vivent sans électricité.
9. Fès. Pauvres et analphabètes
La région du Centre présente des indices de développement à peine supérieurs à ceux de l'Oriental. Au niveau national, Fès enregistre, quant à elle, des résultats moyens, ce qui la place en avant dernière position. La capitale spirituelle dépasse la barre des 30% d'analphabètes avec 33% de fassis qui ne savent ni lire ni écrire.
Toujours aussi alarmant, le taux de pauvreté dans la ville. Plus de 10% des habitants sont pauvres et plus de 16% sont dans une situation précaire. Cela veut dire qu'un Fassi sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté. Rien de particulier à signaler du côté du taux d'activité (36,8%), c'est le troisième plus faible taux du classement. Côté habitat, les conditions de raccordement au réseau d'assainissement sont correctes.
Les logements sommaires et bidonvilles hébergent, selon les chiffres du recensement, 4% des ménages fassis.
10. Marrakech. La lanterne ocre
Sans conteste la mauvaise surprise du classement. La ville ocre n'échappe pas à la dernière place. En plus, cela tombe au moment où elle devient un label à l'international et un modèle de gestion communale au niveau local. Le Marrakech boom ne serait-il qu'une illusion ? “Peut-être. En tout cas, cela n'a pas de grandes répercussions sur la vie des Marrakchis”, estime un urbaniste local. Jugez-en par vous-mêmes : 35,6% d'analphabètes.
Seules Khouribga et Skhirat font pire. Le taux de pauvreté est inquiétant. La ville des palaces et de la jet set mondiale compte près de 8% de pauvres et 16% des Marrakchis vivent dans un situation précaire. Si le taux d'activité se situe dans des moyennes raisonnables (37, 7%), les conditions d'habitat des ménages sont plutôt fâcheuses.
Plus de 24% des logements occupés ont plus de 50 ans et 17% des Bahjaouis n'ont accès ni à l'eau ni à l'électricité. Voilà de quoi sérieusement relativiser l'image que renvoient la Palmeraie et le Guéliz !
Par Driss BENNANI
Pour TelQuel
Le Haut commissariat au plan vient d'accoucher d'un CD instructif. Il présente une radioscopie chirurgicale des taux de pauvreté, d'instruction, d'activité et des conditions d'habitat et de logement au niveau de toutes les communes urbaines et rurales (même les plus petites et les plus éloignées) du royaume. Cette étude calcule également l'indice de développement humain de toutes ces localités, c'est ce qui a permis d'établir ce classement.
Par indice de développement humain, les auteurs entendent la moyenne arithmétique entre trois indices : santé, éducation et niveau de vie. Que ressort-il de ce classement maintenant ? Plusieurs enseignements en vrac. D'abord, l'image de l'axe Rabat - Casablanca contre le reste du Maroc n'est pas une illusion. Preuve en est les trois premières villes au classement (Rabat, Casa et Mohammédia). Il y a le cas Sahara ensuite.
Les provinces du sud affichent les meilleurs indices de développement. Comme quoi, les subventions finissent, ont fini par payer... Il y a enfin des surprises. Marrakech pour commencer, que les chiffres officiels présentent sous un jour peu flatteur ou des villes comme Tanger et Oujda qui ne doivent (pour beaucoup) leurs bons classements qu'à la contrebande ou à l'informel.
1. Rabat. Officiellement première !
Les chiffres de Lahlimi le montrent clairement, c'est à Rabat qu'on vit le mieux aujourd'hui au Maroc. La capitale s'en sort avec l'indice de développement humain le plus élevé et dépasse légèrement Casablanca. Elle doit cela notamment à des taux d'instruction et de pauvreté des plus satisfaisants au niveau national. A Rabat, seuls 20,7 % des habitants sont analphabètes contre plus de 35% à Agadir par exemple.
Même constat pour la pauvreté, les chiffres de Lahlimi montrent que 2,4% des Rbatis sont définitivement pauvres (contre 9% à Tanger par exemple) et que 5% des habitants de la capitale vivent quotidiennement sous la menace de la pauvreté. La capitale administrative enregistre l'un des taux d'activité les plus élevés du pays (43%).
Rien de mystérieux en cela puisque le secteur public emploie à lui seul plus de 35% de la population active locale. Principale zone d'ombre, le taux d'habitat sommaire et de bidonvilles. Lahlimi avance le chiffre de 6,1%. Manifestement, il fait abstraction de l'habitat insalubre sur les axes périphériques de Rabat.
2. Casablanca. La métropole est “dauphine”
Que les Casablancais se consolent, leur métropole n'est pas si mal lotie que ça. Si Rabat passe première, c'est simplement parce qu'il y a quatre fois plus d'habitants à Casablanca ! Malgré cela, la capitale économique enregistre sans surprise le second taux national d'activité , avec 41,6%. En plus, la ville ne doit ce chiffre qu'à son secteur privé qui emploie plus de 60% de la population active.
Côté instruction, Casa compte 23% d'analphabètes. C'est beaucoup mais c'est quand même le deuxième meilleur taux national après celui de Rabat. Il y a par contre beaucoup plus de pauvres dans la métropole que dans la capitale. Si 2,7 % des Casablancais sont pauvres, plus de 7% risquent de les rejoindre si rien n'est fait pour améliorer leurs conditions de vie. Même constat pour l'habitat sommaire, plus de 9% des ménages casablancais ne vivent pas sous un toit en dur et 13% n'ont toujours pas accès à l'eau potable.
3. Mohammédia. Le grand bidonville ?
La petite ville balnéaire vient compléter notre podium et illustre le gap entre l'axe Rabat-Casablanca et le reste du royaume. Mohammédia descend sous la barre des 30% d'analphabètes et affiche un taux d'activité satisfaisant avec 38,2%. Normal, le tissu industriel de la ville est important et certains secteurs comme l'immobilier et les services y sont en pleine expansion. Mohammédia affiche ensuite un taux de pauvreté moyen avec 4,3%.
Même cumulé avec le taux de précarité (9%), cela donne 14% de personnes vivant dans une situation peu ou pas du tout confortable (contre 20% à Tanger par exemple). Seule zone d'ombre, le nombre de logements sommaires et la connexion aux réseaux d'eau et d'électricité.
Paradoxalement, la médaille de bronze du classement affiche la plus grande moyenne de logements sommaires ou de bidonvilles puisqu'ils constituent plus de 30% des logements . Ce n'est pas fini, 45% des logements de la ville ne sont pas connectés au réseau d'eau potable et 16% sont privés d'électricité !
4. Agadir. Plus douce la vie…
Agadir arrive quatrième et les écarts se creusent déjà sérieusement avec l'axe Rabat - Casablanca. Selon les résultats du recensement, il y a plus de 35% d'analphabètes à Agadir et 18% de la population sont plus ou moins pauvres. Agadir se rattrape cependant sur le taux d'activité, plutôt satisfaisant avec 37,7%. Sans surprise ici aussi, c'est le secteur privé qui sauve la mise puisqu'il occupe plus de 58% des actifs gadiris. Globalement, la ville offre un cadre de vie acceptable et des prestations sanitaires et éducatives moyennes.
La proximité avec les plus grandes exploitations agricoles du pays se ressent également sur le niveau de vie et le pouvoir d'achat des habitants. Entre agriculture, tourisme et pêche… “A Agadir, on vit de peu”, ont l'habitude dire les habitants. Les ménages gadiris sont majoritairement propriétaires de leurs logements (67%) mais tous ne vivent pas confortablement. 13% vivent dans des bidonvilles ou dans des habitations sommaires et plus de 35% n'ont toujours pas accès à l'eau potable !
5. Laâyoune. Le cas Sahara
Selon les chiffres de Lahlimi, la province de Oued Eddahab enregistre le même indice de développement que Rabat. Celle d'Assa Zag se place loin devant Agadir, tout comme celle de Smara ou de Boujdour. En général, l'indice de développement humain fait un joli bond en avant dès qu'il dépasse la province de Tan Tan, qui se trouve être la frontière de “la zone contestée”, subventionnée depuis plusieurs années par l'Etat. Ceci dit, Laâyoune, capitale de la région, reflète assez fidèlement les moyennes régionales.
27% d'analphabètes (déjà moins qu'à Agadir), 15% de pauvres, 12% de bidonvilles (les moyennes sont toujours inférieures à celles d'Agadir). Laâyoune enregistre également un taux d'activité plutôt honorable avec 37,6%. L'Etat est le principal employeur de la ville, avec 40% des actifs sahraouis ou vivant au Sahara (à peine 3 points de moins qu'à Rabat). Comment expliquer cela ? Il y a d'abord les cartes d'entraide nationale distribuées à gauche et à droite, sans oublier les vagues de jeunes Sahraouis (les achbal) intégrés dans les cycles de la fonction publique au milieu des années 90.
Ajoutez à cela les produits alimentaires et énergétiques subventionnés par l'Etat (et qui coûtent moitié moins cher), les doubles soldes des fonctionnaires et vous comprendrez pourquoi il fait si bon vivre au Sahara.
6. Tanger. Sauvée par la contrebande
En voilà une région promue à un bel avenir. Avant même l'aboutissement des grands projets lancés au nord (Tanger Med, Free Zone, etc.), la ville arrive en sixième position, loin devant Fès ou Marrakech par exemple. Elle doit notamment cela à un taux d'analphabétisme moyen (30%) et à un taux d'activité intéressant (près de 40%, contre 37% pour Agadir par exemple). Ici aussi, le secteur privé est le principal moteur de l'économie puisqu'il emploie plus de 60% de la population active contre 8% pour le public.
Et le reste, soit 13% ? “C'est certainement la proportion des gens qui travaillent dans l'informel ou la contrebande”, estime un observateur tangérois. Toujours selon lui, “c'est grâce à la contrebande que le Tangérois dispose de bons produits de consommation à petits prix”. Le département de Lahlimi appelle élégamment cela niveau de vie et lui permet de classer Tanger en si bonne place.
Ceci dit, la ville du détroit enregistre un taux de pauvreté plutôt alarmant. Plus de 9% des Tangérois sont pauvres et 13% sont “vulnérables”, selon la terminologie de l'enquête. Cela veut dire qu'ils (les 13%) disposent de quelques dizaines de dirhams en plus mais ne sont pas à l'abri du besoin pour autant.
7. Salé. L'outsider
Oubliez l'image de “petite ville”, calme et sans histoires, vivant à l'ombre de la capitale administrative du royaume. Salé arrive sixième ex aequo avec Tanger et s'impose définitivement comme une grande ville autonome. Elle compte déjà plus d'habitants que Rabat (820 000 contre 627 000) et enregistre un taux d'analphabétisme en dessous de la barre des 30% (le troisième après Rabat et Casablanca).
C'est ensuite une ville moyennement riche avec 16% de la population flirtant avec le seuil de pauvreté (contre 18% à Agadir). Côté emploi, les résultats du recensement montrent qu'il y a presque autant de salariés que de fonctionnaires à Salé et que le taux d'activité y est proche de celui d'Agadir par exemple. Si de grands projets urbanistiques ont vu le jour à Salé (comme Sala Al Jadida), cela n'a pas éradiqué pour autant le phénomène des bidonvilles où résident toujours 7% des ménages slaouis. Autre chiffre inquiétant : 15% des ménages n'ont pas accès à l'eau potable, 13% n'ont toujours pas d'électricité.
8. Oujda. L'Oriental à la traîne
Les chiffres de Lahlimi le montrent clairement, seule la province d'Oujda se dégage du lot pour présenter un indice de développement humain légèrement supérieur à la moyenne régionale dans l'Oriental. Si Oujda présente un taux d'analphabétisme moyen (30%), elle cumule le premier grand taux de pauvreté du classement et affiche 29,6% de pauvres ou de personnes vulnérables.
La ville affiche également le plus faible taux d'activité du classement avec 34%, inéquitablement réparti entre secteur privé (40%) et secteur public (20%). Tout comme Tanger, l'activité de la contrebande sauve le niveau de vie des habitants. Les multiples souks informels de la ville grouillent de produits alimentaires et de médicaments algériens, à moindre coût. Même chose pour le gasoil acheminé depuis la frontière algérienne à bord des fameuses “mouqatilat”.
Si plus de 60% des Oujdis sont propriétaires de leur logement, près de 20% n'ont pas accès à l'eau potable et 13% vivent sans électricité.
9. Fès. Pauvres et analphabètes
La région du Centre présente des indices de développement à peine supérieurs à ceux de l'Oriental. Au niveau national, Fès enregistre, quant à elle, des résultats moyens, ce qui la place en avant dernière position. La capitale spirituelle dépasse la barre des 30% d'analphabètes avec 33% de fassis qui ne savent ni lire ni écrire.
Toujours aussi alarmant, le taux de pauvreté dans la ville. Plus de 10% des habitants sont pauvres et plus de 16% sont dans une situation précaire. Cela veut dire qu'un Fassi sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté. Rien de particulier à signaler du côté du taux d'activité (36,8%), c'est le troisième plus faible taux du classement. Côté habitat, les conditions de raccordement au réseau d'assainissement sont correctes.
Les logements sommaires et bidonvilles hébergent, selon les chiffres du recensement, 4% des ménages fassis.
10. Marrakech. La lanterne ocre
Sans conteste la mauvaise surprise du classement. La ville ocre n'échappe pas à la dernière place. En plus, cela tombe au moment où elle devient un label à l'international et un modèle de gestion communale au niveau local. Le Marrakech boom ne serait-il qu'une illusion ? “Peut-être. En tout cas, cela n'a pas de grandes répercussions sur la vie des Marrakchis”, estime un urbaniste local. Jugez-en par vous-mêmes : 35,6% d'analphabètes.
Seules Khouribga et Skhirat font pire. Le taux de pauvreté est inquiétant. La ville des palaces et de la jet set mondiale compte près de 8% de pauvres et 16% des Marrakchis vivent dans un situation précaire. Si le taux d'activité se situe dans des moyennes raisonnables (37, 7%), les conditions d'habitat des ménages sont plutôt fâcheuses.
Plus de 24% des logements occupés ont plus de 50 ans et 17% des Bahjaouis n'ont accès ni à l'eau ni à l'électricité. Voilà de quoi sérieusement relativiser l'image que renvoient la Palmeraie et le Guéliz !
Par Driss BENNANI
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