Kounouz Ramadan
S’il est un secteur qui tire son épingle du jeu, en cette année 2010, où l’économie redémarre dans la douleur, c’est bien le tourisme. A fin avril dernier, le nombre d’arrivées était en hausse de 10,7% et, contrairement à la tendance des deux dernières années, le nombre des nuitées affichait des résultats très positifs : +13% pour les touristes non résidents. Les chiffres du mois de mai ne sont pas encore disponibles, mais ils sont à l’avenant.
Seulement il faudra compter avec le mois sacré de Ramadan. Du côté des responsables du secteur on confie, en aparté, que la progression enregistrée sera entièrement consommée à l’issue du mois d’août, traditionnellement celui du pic touristique. En huit mois donc, le nombre d’arrivées aura crû de 0%, faisant perdre au Maroc un potentiel touristique non exploité. Il faudra faire avec, trouver la parade.
Fait-on avec ? Non. Et pourtant il y a de quoi. Cette année, le mois de Ramadan occupera les deux tiers du mois d’août. En 2011, ce sera tout le mois, en 2012, les deux tiers d’août encore une fois et un tiers en juillet… Faites le compte, au cours des cinq prochaines années, les deux mois de haute saison touristique que sont juillet et août seront affectés par Ramadan. Or, quel que soit l’effort marketing entrepris au profit de la clientèle étrangère, cette dernière, en majorité chrétienne, reste réticente à passer ses vacances dans un lieu où le service et les loisirs laisseront à désirer. Dans un pays où un vacancier ne pourra pas s’éclater.
Il reste donc la clientèle marocaine et celle des MRE. Pourquoi ne voyagent-ils pas, pourquoi ne vont-ils pas à l’hôtel pendant Ramadan ? La réponse est là aussi du ressort du culturel. Les Marocains aiment manger correctement pendant le mois sacré et passer des soirées agréables.
N’est-on pas capable de leur offrir cela ? Théoriquement oui, sauf que le secteur de l’hôtellerie ne s’est jamais penché sur la question. Or, on pourrait par exemple imaginer des package «Kounouz Ramadan» qui combineraient séjours, repas du Ramadan (f’tour, dîner et s’hour), soirées musicales et tournois de cartes ou autres à des prix abordables, ceux qui correspondent au budget vacances des Marocains qui voyagent à l’intérieur du pays. Car l’idée globale après tout et au-delà des arrivées, des nuitées et de devises, n’est-elle pas de permettre à l’hôtellerie de continuer à tourner, de couvrir ses charges, même en gagnant un tout petit peu moins ?
Auteur/Source : La Vie Eco
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